Goût métallique, par Kaelisia974

Une senteur me parvenait jusqu’aux narines, me chatouillant l’odorat avec des effluves très fortes. Je pouvais bien dire que ce n’était pas là, le doux arô…




Chapitre 3: Benzène Bic down, par Wargen

Les pas feutrés s'approchèrent rapidement, comme à pas de course. Paniquée, je tentai de me faire la plus petite possible sous le bureau, entourée des désordres de Madame Tournois. Mon cœur battait la chamade violemment. Je me demandais s'il ne cherchait pas s'échapper de mon corps et fuir de son propre chef. Et tandis que je cherchais à calmer mes tremblements, apeurée à l'idée d'effleurer malencontreusement les caisses de carton alentour et faire tomber les ustensiles posés en équilibre précaire dessus, je me fis la réflexion que le bruit des pas était trop rapproché et trop précipité. Comme s'il ne s'agissait pas d'un être humain, mais d'un...


 


Le bruit de pas feutrés s'arrêta soudainement, et un objet lourd atterrit sur le bureau en geignant. J'étouffai le petit cri de surprise qui osa s'échapper de ma bouche. La chose se déplaça subrepticement au dessus de moi, jusqu'au rebord de la planche en bois massif. Et apparut une petite tête blanche et noire, ornée d'un museau au long poil, de deux yeux en amande d'un jaune vert et d'oreilles effilées. Alors que j'étais proche de l'apoplexie, une petite voix hurla dans ma tête : Félix !


 


Le chat me regarda bizarrement, comme s'il se posait la question de savoir s'il fallait jouer avec l'être humain en dessous, ou le garder à l’œil au cas où. La main crispée sur le cœur, j'essayai de respirer calmement pour faire revenir mon corps à un état normal. Enfin, presque normal. Atteint d'une panique aiguë proche de la défaillance. Mais capable de mouvements contrôlés et d'une réflexion à peu près censée.


 


Félix pencha le haut de son corps sous le bureau et envoya la patte sur un nœud dans le bois, qu'il avait dû prendre pour un insecte. Il donna deux coups brusques, se rendit compte qu'il n'y avait rien, et disparut de mon champ de vision. Un bourdonnement monotone parvint à mes oreilles. Une grosse mouche passa dans l'encadrement du dessous du bureau, suivie d'une patte féline qui échoua de peu d'attraper sa cible. Félix se pencha dangereusement sous le bureau, faillit tomber, se rattrapa et se remit droit sur le bureau, sortant de mon champ de vision. La mouche se balada sur moi quelques secondes, et je la chassai d'un mouvement brusque. Elle ressortit de sous le bureau, esquiva un nouveau coup de patte, et se dirigea en direction de Madame Tournois. Du cadavre.


 


Mon cœur, qui s'était légèrement calmé en regardant le chat et la mouche, accéléra soudainement alors que je repensais à Madame Tournois. Que lui ait-il arrivé ? L'avait-on vraiment tuée ? Le trou dans son front ne laissait aucun doute. Quoique... avait-elle pu se faire ça toute seule ? J'essayai de me remémorer mes souvenirs, pour savoir si j'avais vu une arme dans sa main. Terrorisée, je n'osai pas bouger et sortir de ma tanière pour regarder vers le cadavre. Qui n'était qu'à trois mètre de...


 


-Ah, Félix, qu'est-ce que tu fais là ?


 


Je mordis douloureusement la main pour éviter qu'un son ne sorte de ma bouche. Des pas s'approchèrent dans la pièce.


 


-Tu ne devrais pas rester là, mon p'tit matou !


 


Lui ! Elle ? Non, même si elle semblait bizarre, ce n'était pas une voix de femme. Le son d'un objet glougloutant que l'on pose par terre. Des spasmes secouaient mon corps, je n'osais pas m'approcher des affaires et du fin espace découvert juste sous le bureau pour voir qui était là.


 


-Bon, ça n'a pas été facile à trouver, mais j'crois qu'j'ai tout ce qu'il me faut. Félix, tu devrais pas rester là, c'est moi qui t'le dit.


 


Car, qui que ce soit, il ne pouvait pas ne pas voir le cadavre de Madame Tournois dans la pièce.


 


Le chat répondit en miaulant lascivement.


 


Ce qui voulait dire qu'il devait s'agir du tueur ! La panique revint hanter mon esprit et la peur parasiter mes mouvements. Le son d'un objet qui craque. Mais je risquai un rapide coup d’œil. Pour voir une forme sombre et une tête recouverte d'une cagoule penchée en avant. Qui se leva dans ma direction. Je baissai la tête instinctivement, et me la pris dans les mains. Pourvu qu'il ne m’ait pas vu. Pourvu qu'il ne m'ait pas vu. Pourvu qu'il ne m'ait pas vu.


 


Félix sauta du bureau et atterrit dans un geignement.


 


-C'est bien, mon petit. Ne reste pas là, ce n'est pas un endroit pour toi.


 


Le ronronnement d'un moteur se mit en route. Des pas se rapprochèrent du bureau. Je me blottissai du plus que je pouvais et tentai de n'émettre aucun son. Aucun vibration. Aucune odeur. Aucune chaleur. Le glougloutement d'un liquide que l'on verse sur le sol. L'odeur était forte et envahit tout de suite mes narines.


 


-Pouah, ça schlingue !


 


Le liquide coula jusque moi sous le bureau. Les pas s'éloignèrent vers le centre de la pièce, s'immobilisèrent. Un nouveau craquement, puis ils revinrent vers Madame Tournois. Un liquide qui se déverse, et qui vient imbiber mes doigts. Je les mis sous mon nez. On aurait dit de l'essence. Ou de l'alcool ? Un liquide transparent qui sentait fort et était très froid au contact avec la peau. Mon cerveau s’embrouillait. Les vapeurs empêchaient mon esprit de fonctionner normalement. La peur terminait le travail. Je savais que quelque chose d'horrible se passait. Allait se passer. Mais je n'arrivais pas à mettre le doigt dessus.


 


Au bout du quatrième aller-retour et déversement de liquide, l'assassin s'éloigna vers où il était apparut.


 


-A t'chao, Bella Tournois.


 


Le bruit de quelque chose qui frotte contre autre chose. Le bruit d'un objet qui tombe. Et un flash. Une odeur fumante. La chaleur d'une flamme. Quelque chose qui se déplace. Une brise ardente. Un mur de feu. Un rire rauque et sardonique.


 


- On s'revoit en enfer ! Ahahahahahahah !