L'Odeur des cendres, par AronGranger

La première chose qui me vient à l’esprit quand je repense à l’institut, c’est l’odeur de framboise qu’il y avait partout. Elle semblait s’&ec…




Chapitre 2: L'odeur du tabac, par Wargen

Ils arrivèrent environ deux heures après avoir été prévenus par téléphone, dans une fourgonnette bleue bringuebalant lentement sur le chemin de gravier menant à l'institut. Comme nous l'avait demandé le directeur, tout le monde attendait dans la cours d'entrée du manoir, comme pour une photographie de classe. Sauf que les mines étaient sombres ou humides, certaines retenant difficilement leur larmes.

La fourgonnette bleue pétarada une dernière fois avant de s'arrêter devant nous. En descendit deux jeunes et grands gendarmes à képi, puis un homme d'un certain âge, plus corpulent, à veste beige tombant aux genoux. Il s'étira lentement, alluma une pipe qu'il fourra dans sa bouche charnue, et se présenta au directeur venu à sa rencontre.

Les quatre hommes devisèrent pendant cinq bonnes minutes, avant que le directeur ne revienne vers nous, nous demandant de ne pas bouger pendant que le commissaire et les gendarmes aillaient constater la scène. Ils rentrèrent dans l'institut, laissant notre groupe atone et amorphe. Personne ne parlait, seul se faisant entendre quelques sanglots et reniflements, le crissement du gravier sous les semelles de chaussures tremblotantes ou les roucoulades de tourterelles indifférents à la situation se déroulant sous leur yeux.

Au bout d'une demi-heure environ, le directeur ressortit du manoir et me demanda d'aller voir le commissaire sur le lieu de découverte du cadavre. En rentrant dans la grande bâtisse, je remarquais que l'odeur de framboise avait été mélangée, recouverte par une odeur âcre de tabac froid.

Les deux gendarmes, en train de fumer des cigarettes roulées, ne me prêtèrent pas attention alors que je passais devant eux. Leur voix résonnaient dans le couloir froid :
-Moi j'te dis que c'est un suicide.
-Palc'qu'elle a l'couteau dans sa main ? Tu clois pas qu'un assassin, y s'lait pas assez intelligent poul lui met l'alme du clime dans sa main aplès son méfait ?
-C'est grotesque, personne y f'rait ça par ici !
-Ah ça ! Palce que tu clois qu'y a qu'à Palis qu'les gens sont assez intelligents poul faile ça ? Ca s'voit qu't'es nouveau pal ici. Et qu'tu connais pas bien l'Commissaile...

J'entrais dans la salle de classe, dans laquelle l'odeur piquante du tabac froid me donna quelques secondes de répit avant de repenser au cadavre de notre professeur d'art. A ses yeux ouverts pointés sur moi. A sa gorge tranchée nette. Au couteau sanguinolent encore agrippé dans sa main droite. A la flaque de sang qui coulait de l'ouverture béante dans la gorge, souillait son chemisier blanc et poissait ses longues boucles rousses.

Le froissement d'une veste dans mon dos me fit sursauter. Le commissaire vint se planter devant moi, me regarda silencieusement quelques secondes, avant de me demander, d'une voix grave mais douce et chaleureuse, de lui montrer tous les gestes et mouvements que j'avais réalisée lorsque j'avais trouvé le corps. Je m’acquittais de ma tâche du mieux que je pouvais, essayant de ne pas regarder le corps sans vie qui foulait encore le sol de la pièce.
L'homme me posa quelques questions sur mes habitudes et celles du personnel et des élèves de l'institut à l'heure fatidique, et me demanda quelques précisions sur mes faits et gestes lors de ce jour particulier. Je répondais le plus sincèrement et précisément possible.
Il laissa passer quelques dizaines de secondes après ma dernière réponse, arpentant lentement la pièce, se penchant sur le cadavre, scrutant le plafond, les murs, les fenêtres de la pièce. Il se tourna alors vers moi, ses lèvres s’entrouvrant suffisamment pour parler, tout en évitant de devoir enlever sa pipe :
-Alors, ma petite, qui a bien pu tuer ta jolie professeur...




Le fumet de la purée, par Wargen

-Alors, ma petite, qui a bien pu tuer ta jolie professeur...   La petite ambulance blanche était arrivée peu après sur le chemin cabossé menant à l'institut.…