Pas d'un pouce, par MadBlackHands

La nuit semble interminable. Sûrement à cause de cette foutue lumière rouge qui donne à chaque arbre, à chaque motte de terre, à chaque rocher, une allure de…




Chapitre 7: Pas besoin de me Poucet, par Bat.Jacl

Animé par la fureur, Poucet me charge. Dans le noir intense de ses yeux, une lumière verte pulse à chacune de ses enjambées démesurées. Je comprends le lien entre son état et la magie de la sorcière. Mais je n’ai pas le temps pour plus de spéculation. Son visage semble transformer par la rage qui le guide. Grâce à sa vivacité, il est déjà sur moi. La peur me gorge d’adrénaline. Je parviens à réagir vite, et ainsi, à l’esquiver. Je sens le souffle de son corps balayer mes vêtements. C’était puissant. Et ce n’est pas passer loin. Le jeune garçon se révèle beaucoup plus énergique que dans mes souvenirs. Malgré sa vélocité, je le vois déjà amorcer un demi-tour. Comprenant que je ne suis pas au niveau physiquement, je tente le dialogue :
– Poucet, arrête s’il te plait. Est-ce qu’on peut discuter avant ?
Je l’entends se parler à lui-même, dans un charabia de psaume. Mais quand il se retourne, malgré ses mouvements de mâchoire, je saisis que les mots ne me sont pas adressés. Il se replace en posture de combat, prêt à me foncer dessus une nouvelle fois. Je me redresse et m’enfuis, avant de voir l’explosivité de ses muscles. La course est lancée, et j’ai très peu de mètres d’avance.
Poucet me talonne, à deux doigts de s’emparer de moi. Je l’esquive encore, grâce au bruit cette fois, quand j’ai entendu l’impulsion de son dernier saut. Je plonge dans un buisson à mes côtés, à pleine vitesse. Je ressens de plein fouet l’épaisseur de ses tiges, tandis que ses feuilles acérées lacèrent chaque endroit que mes vêtements ne protègent pas. Submergée par la peur, je sens à peine les dizaines de griffures sur ma peau.
Alors que je suis entravé dans le végétal abrasif, j’entends Poucet. Il se parle encore à lui-même, se murmure qu’elle va le féliciter quand il va me ramener, quand elle va me cuisiner. Depuis qu'on l'a transformé en bouillie : elle désire se venger. Je frissonne en comprenant, mais espère que ce ne soit que des divagations.
Je crawle comme une folle pour me sortir de ce piège de verdure. Je plonge à l’opposé de Poucet, qui me talonne déjà. Du coin de l’œil, je l’aperçois bondir de manière non naturelle au-dessus de l’immense buisson. Sa tête fonce vers mon bras, et sa bouche effleure ma peau. Cela suffit pour que la douleur me saisisse.
Ses dents ont changé. Comme des bâtons spiralés, elles déchirent mon épiderme avec facilité, laissant s’échapper un chapelet de gouttelettes de sang. Dans le sous-bois, mon hémoglobine disparait. Si je meurs, personne ne le saura. Heureusement que j’ai retiré mon bras de sa trajectoire.
L’ancien ami continue son vol, sur plusieurs mètres. La nuit m’a empêché de voir le bond dans son intégralité, mais je suis certaine que c’était plus loin que plusieurs maisons, jusque dans un fossé que je ne vois même pas. En contrebas, j’entends un râle monstrueux :
– Raaaaaah, reviens ! Tu es à moi !!!
Je comprends qu’il ne plaisante pas : il me traque pour me tuer et, surement, pour me manger. Malgré cette chute, il se relève déjà.
Je voudrais le supplier de reprendre ses esprits, mais mon souffle ne me permet plus de lui parler. Alors je m’élance pour ma vie dans la direction opposée, à travers les végétaux inamicaux.
Je franchis plusieurs buissons, toujours aussi effilés, et je sens mon pied qui se dérobe. Là où aurait dû se trouver le sol, il n’y a rien. Je me suis enfoncé dans un énorme trou, et mon corps part en avant. Tête la première, je plonge vers la terre recouverte de mousse. Mes bras protègent un peu mon visage. Et je tombe sur l’épaule. Le coup me laisse entendre un léger craquement. J’avais trop de vitesse, je ne m’arrête pas. Mes jambes passent par-dessus moi. Je perds toutes notions de haut et de bas. Le terrain en pente me précipite toujours plus désordonnée. Sur cette pente escarpée, il n’y a même plus les buissons pour me retenir.
Ce n’est pas un fossé, mais d’un flanc de colline. Je déboule, entrainant des gravats avec moi. Je m’échappe vite, mais je ne contrôle plus rien. Par miracle, j’esquive la plupart des arbres, et continue de dévaler. La terre est meuble, sans caillou. Mais ce n’est pas moelleux pour autant. Je subis chaque impact avec violence, sans avoir d’autre choix que de retenir mes cris de douleurs.
Malheureusement pour moi, même dans une telle chute, j’entends des pas saccadés derrière moi. Poucet m’a déjà rattrapé, et il me poursuit avec vivacité. Lui garde le contrôle total de sa trajectoire, foulant le sol de ses deux pieds avec agilité. Je ne sais pas comment je vais m’en sortir.
Ma descente s’arrête dans un bruit sourd. Je me suis lamentablement effondrée, sonnée, à terre. Mon esprit est emporté, valsant dans un léger clapotement. Encore au fait que ma vie se joue, je me redresse d’un bond. Ma tête tourne, vacille avec violence. Je vois Poucet parcourir les derniers mètres avec prudence. J’aimerais me montrer confiante, mais je défaille. Contre ma volonté, je pose un genou à terre devant mon ennemie. Pour me retenir, je suis même obligé d’enfoncer ma main dans le sable humide.
Je prends une grande respiration, et je fixe Poucet comme par défi. Je m’étonne de son changement d’attitude : il a l’air apeuré. Il regarde compulsivement par-dessus mon épaule. Pire que ça, pour essayer de le cacher, il fait semblant de s’énerver :
– Cette garce m’a fait perdre mes autres proies en plus !!!
Et il entame une marche à reculons. Sur ses gardes, il s’éloigne, comme si je n’existais plus.
Aussi facilement que ça ?
Derrière moi, le clapotement de l’eau continue. Mais ce n’est pas le seul bruit ! Avec discrétion, j’entends que quelque chose bouge.




L'eau de là, par Wargen

Me retournant, un joli lac s'offre à ma vue. Il est alimenté par une petite cascade provenant d'une partie de la forêt plus élevée, sûrement là d'o&ugra…

Le temps d'un instant, par Bat.Jacl

Dans un endroit plat et lumineux, où l’on distingue l’horizon à perte de vue, une jeune femme convulse de douleur sur le sol. Elle se tortille avec ses deux mains plaqu&eacu…