L'amie, par AlexGNSTR

Cinq minutes se sont écoulées durant lesquelles je n’ai eu de cesse de chercher la femme en mauve du regard. En vain. Je n’ai envie de parler à personne, je veux just…




Chapitre 3: Crevettes Fatales, par Bat.Jacl

Dans la seconde qui suit, j’aperçois un écrin nacré, en forme d’entonnoir, avec une flaque d’eau au fond, tranquille et claire. Je m’approche dans les cercles blanchâtres. Je perçois l’enfermement, mes oreilles le confirment. Un parfum de fraicheur s’en dégage, mais il provoque l’effet inverse à celui attendu, me donnant la nausée. En un instant, une contraction violente s’empare de moi et une gerbe multicolore s’échappe avec force de ma bouche. J’aperçois des morceaux de crevette propulsés, se perdant dans l’eau, désormais souillée.


Une chaleur intense m’envahit, la sueur me coule dessus. Mon vomissement ne semble pas vouloir cesser, même quand je sais que mon estomac est à présent vide.


— Y’a quelqu’un là-dedans ?


— Évidemment qu’il y a quelqu’un, imbécile, riposte une voix féminine, mordante de sarcasme. Besoin d’aide ?


Dans le silence réconfortant qui suit la fin de mon calvaire, je me redresse, appuyant contre les parois fragiles de cette toilette de bureau. L’eau s’élance, entrainant avec elle les restes de crevettes, engloutis par le siphon.


— Comment oses-tu m’appeler imbécile ici, à mon travail ?


— Si seulement tu ne l’étais pas !


À l’ouverture de la porte, le visage de monsieur Malone, un des comptables de la boite, se dévoile, flanqué de celui de sa femme. La petite blonde, au regard sévère, m’offre un sourire empreint de compassion.


— Haha, tu es d’une pâleur effrayante ! lance l’homme massif à mes côtés, avec un rire gras.


Son épouse le fusille du regard, tendant vers moi un mouchoir immaculé. Je le décline poliment et me dirige vers le lavabo.


— C’est à cause des crevettes… Combien de temps suis-je resté enfermé ici ? questionnè-je, l’eau fraiche effaçant la sueur de mon visage.


— Les crevettes et les canapés, c’était il y a deux bonnes heures !


Deux heures ?!


Je comprends alors que cette foutue anxiété et ces canapés ingurgités sans faim m’ont probablement fait rater l’occasion de découvrir l’identité de cette femme en mauve.