Un jeu de publication, par VanessaP

Un clignement d’yeux. Puis deux. Puis trois. Samantha sortit enfin de sa confusion : « Une IA ? Mais… » « Bonjour, que puis-je faire…




Chapitre 3: Retour à la réalité, par Shadowlight

… avant de s’arrêter.


Je délire, se dit Samantha. Je suis en plein songe onirique, ce n’est pas possible.


Bien que rêveuse à l’imagination très fertile, qualité ô combien essentielle pour une autrice, Samantha n’en gardait pas moins une pointe de rationalité, conjuguée à une sensibilité extrême. C’était grâce à ce dosage hétéroclite qu’elle avait trouvé le courage de briser les barrières de sa timidité et parvenir à écrire Songe Artificiel.


Mais une boule d’angoisse venait de se bloquer au fond de sa gorge à l’idée de s’enfoncer sous terre. Dans le noir et l’inconnu, avec pour seuls compagnons ses pensées, son stress, ses attentes. Elle ferma les yeux un bref instant, s’accorda le temps de la réflexion.


Respire ma grande.


— Bravo, vous avez passez la première étape, Samantha. L’incipit de votre roman Songe Artificiel a retenu mon attention, commenta l’IA.


Hein ? Quoi ?


Samantha ouvrit les yeux.


Elle se trouvait assise dans l’étrange fauteuil de velours violet aux motifs de plumes d’autruche, sans rien y comprendre.


Prise de panique, elle sentit son cœur s’emballer, son souffle s’accéléra. La fibre de son T-Shirt lui colla à la peau, soudain couverte de sueurs. Samantha tourna la tête de droite à gauche, désemparée. C’était bien la même pièce qu’au début, avec ces milles ouvrages oubliés. Depuis son arrivée, elle ne semblait pas avoir bougée d'un millimètre après avoir posé son séant sur le fauteuil.


Pourtant tout avait paru si réel ! Elle regarda ses paumes moites qui enserraient quelques minutes auparavant un barreau en bois, doux, poli par de multiples passages de pieds et de mains.


Calme-toi ma fille.


 — Je trouve votre entrée en matière très originale avec ce jeu de piste dans une Maison d’Edition fictive. Enigma ! Quelle imagination débordante ! Excusez ma curiosité, mais que pensiez-vous trouver sous le plancher. Une porte vers un autre monde ? rajouta l’éditeur avec un large sourire narquois.


Merde, c’est quoi ce délire ? Et en plus ce salaud se fout de moi encore une fois. Dès que sors d’ici, je lui crève les pneus…


Face à elle, l’homme manipulait son stylo, le faisait rouler entre ses doigts avec une grande habilité. Il devait faire cela depuis longtemps pour avoir atteint cette dextérité. Sans doute à chaque fois qu’un nouvel auteur amateur poussait la porte de son antre, emplis de l'espoir irrationnel de se voir publié.


Captivée par le va-et-vient du stylo, Samantha écarquilla soudain les yeux. Qu’avait-il dit déjà quand elle lui avait proposé sa lettre ?


 « Merci, mais je ne peux pas me saisir du papier, car je suis une IA ! »


Pourtant il lui avait bien ouvert la porte, non ? Elle le revoyait debout dans l’embrasure, sa grosse main posée sur la poignée en l’invitant à entrer.


Menteur ! Il peut saisir des objets tangibles.


Son joli visage s’empourpra sous le coup de la colère avant que l’angoisse n’arrive au galop.


Suis-je devenue folle ?


Samantha s’enfonça dans le moelleux de son fauteuil, sans y prendre le moindre plaisir. Elle voulait disparaitre, ne jamais être venue ici, ne jamais s’être bercée de l’illusion que son roman possédait les qualités suffisantes pour réussir à séduire. Elle n’était qu’une idiote égarée dans un monde d’ogres dont l’éditeur symbolisait l’abomination ultime, le mythe de Cthullu incarné, le dévoreur d’âme.


— Pouvez-vous poursuivre, mademoiselle ? Notre conversation vient juste de commencer.


Une étrange chaleur enveloppa Samantha, accompagnée de picotements électriques. Elle n’y avait guère pris garde au début, mais son stress actuel la rendait beaucoup plus sensible à son environnement. 


Cela venait du fauteuil. Des motifs en plumes d’autruche plus précisément.


Son regard effleura l’ornement, captivé, puis s’y retrouva piégé.


Un arc-en-ciel multicolore éclata en magnifiques écharpes irisées de fragments de lumière. Les tourbillons éclatants accaparèrent son attention. Elle sentit une fragrance agréable se répandre autour d'elle, parfum suave, mélange de désirs et de rêves inachevés. Ses muscles si tendus se relâchèrent en douceur, ses paupières ombrées de fard s’alourdirent, son souffle fusa au travers de ses lèvres teintées de gloss, se ralentit, s'apaisa. Sa tête dodelina, roula sur son épaule où ses cheveux d'ébène se répandirent en un flot d'obscurité.


Mon Dieu, que m’arrive-t-il ? ...