Lune sanglante, par Wargen

Thiercelieux était un village charmant, paisible, tranquille et monotone depuis que j'étais née. Il y avait bien entendu des histoires, des ragots, des morts, voir même quelques disparus, mais rien d…




Chapitre 2: Pleine lune, par BanjiBanjo

Je me glisse dehors et ferme lentement la porte derrière moi, puis m’avance prudemment vers le centre du village alors que le vent glacé s’engouffre déjà dans les interstices de ma cape rouge pour me geler les os. Je poursuis néanmoins mon chemin, foulant les pavés teintés de pourpre, comme annonciateurs d’une nuit idéale pour répandre le sang.


Tout ceci résonne en écho aux avertissements de Grand-Mère, mais la curiosité qui guide mes pas est trop forte. Si quelque chose doit se passer, il faut que je sache. Les ruelles dont je longe les murs laissent place à de plus grandes rues, quand un bruit se fait entendre un peu plus loin vers l’avant. Des chuchotements ? Ça semble un peu trop sonore pour être ça.


Les battements de mon cœur s’accélèrent, mais je dois continuer. Depuis le bout de la rue, un écoulement d’eau familier se superpose aux chuchotements : la fontaine de la place de l’église va bientôt s’y dessiner. Les voix proviennent de là-bas, mais je ne parviens pas à les reconnaître.


— … faut qu’on trouve quelqu’un…


À présent arrivée à l’angle de la place, je sais qu’ils sont à quelques mètres de moi, car leurs voix me parviennent sans difficulté. Mais si je veux arriver à les apercevoir, je risque de me faire prendre, et ils ont l’air de préparer un sale coup. Qui sait comment ils m’accueilleront ?


— … se sont barricadés, tu veux vraiment entrer dans une maison ?


Mais je ne peux plus tenir, il faut que je trouve qui sème la terreur à Thiercelieux. M’accroupissant le plus possible, j’avance la tête, priant pour que ma tenue d’habitude si voyante me camoufle pour une fois. J’ai le temps de distinguer trois hommes vêtus de longues capes ternes : deux sont dos à moi, alors que le dernier me fait face, la tête tournée vers un de ses compères. Derrière eux, surplombant l’église, la lune écarlate nous observe et répand son éclat sur chaque recoin de la place, hormis le visage de l’individu que j’aurais aimé pouvoir identifier, masqué par son capuchon rabattu. Au bout d’une poignée de secondes, ce dernier tourne la tête dans ma direction. Je me recule brusquement.


Un silence suit, et mon cœur rate un battement : il m’a vue, c’est sûr !


— Si on a pas le choix, il faudra bien.


Ouf ! C’était moins une. Après tout, l’obscurité dissimulait ses yeux : il devait regarder ailleurs. Ou alors il se tournait vers l'autre homme, celui qui venait de parler ? D’ailleurs l’un de ceux-là devait être le forgeron, à en juger par la cape tendue par des muscles épais. Ou un étranger ? Difficile de reconnaître leur voix, entre la faible intonation et le bruit du vent.


— … suffit d’un témoin, et on est foutus. Essayons déjà dans les rues.


Attends, qu’est-ce qu’il vient de dire ? Vite, il faut que je rentre à la maison ! Mais si je fais trop de bruit, ils vont me tomber dessus. Et si l’un d’eux emprunte ma rue, c’est moi qui suis foutue !


Sans aller jusqu’à courir, je presse le pas en rebroussant chemin. À peine ai-je fait quelques pas que des cris gutturaux viennent déchirer le silence qui avait commencé à m’envelopper. Ils proviennent de la place, et à vrai dire, on pourrait même qualifier ces cris de bestiaux. Se peut-il qu’il s’agisse de hurlements… de loups ?




Le Souffle, par Bat.Jacl

Au moment où je tente de faire demi-tour sur la pointe des pieds, un claquement résonne dans mon dos. Comme si deux jambes d’une puissance incommensurable venaient de se propulser…