Et il n'en restera qu'un !, par Lyn

Venez on écrit une histoire frémissante, sanglante et crispante… un jeu d’élimination ! Survival game, Battle Royal, Slasher, peu me chaut du moment qu’à…




Chapitre 1: À 19h chez les Faustin, par Lyn

 


18 h 00.


Quand Orianne éteint le sèche-cheveux c’est pour mieux laisser les babillements de sa petite sœur envahir ses tympans.


— Dis, tu fais quoooi ?


— Je me prépare.


Fond de teint, prêt.


— Pourquooooi ?


— Je sors.


Fard à paupière, prêt.


— Pourquoooi ?


— Pour un boulot.


Eye-liner, prêt.


— Pourquoooi ?


— Pour gagner des sous.


Rouge à lèvres, prêt.


— Pourquoooi ?


— Hm… Pour faire comme les grandes personnes ?


Gloss, prêt.


— Pourquoooi ?


— Tu comprendras plus tard.


— Pourquoooi ?


— Oh, tu es fatigante, là.


La fillette trottine dans un ricanement espiègle tandis que sa sœur aînée vérifie son paquetage, dans lequel elle a glissé ce qui, d’après les échanges d’SMS avec monsieur et madame Faustin, serait susceptibles de plaire aux triplées.


 


***


 


18 h 10.


 


Recherchons gardiens d’enfants le 31 octobre pour la surveillance de nos triplées Félicité, Victoire, et Gloria (6 ans).


500 € la nuit.


Merci d’avance.


Monsieur et Madame Faustin.


 


S’en suit les coordonnées postale et téléphonique du couple.


Le prospectus, arrivé une semaine plus tôt dans sa boîte aux lettres, ou peut-être deux, ou peut-être moins, difficile à dire quand les jours se ressemblent tous, est aimanté au réfrigérateur de Madeleine.


Elle trépigne, oubliant presque l’inconfort de ses rhumatismes se réveillant à cette époque de l’année où le temps s’humidifie. Veuve et sans nouvelle de sa famille depuis de longs mois, peut-être des années, peut-être plus, elle est ravie de pouvoir partager un peu de son temps de retraitée avec ces petites, espérant qu’en cas de bonne entente, monsieur et madame Faustin décideront de réitérer l’expérience.


Ding !


Madeleine enfila ses maniques avant de plonger ses mains dans le four.


 


***


 


18 h 15.


— T’es sûr que c’est très légal de faire ça ? doute Ernest. Et ça marche vraiment ces trucs ?


Il désigne le micro et la paire de lunettes caméra espion que son père lui tend.


— L’occasion ne se représentera pas.


Ernest connaît le refrain : six ans que des groupes de cinq à dix personnes disparaissaient mystérieusement, les soirs d’Halloween, dans différentes villes à travers le pays. Une année, l’enquête a démontré l’implication du couple Faustin, mais l’affaire a été classée sans suite, fautes de preuve.


Tout ce qui pouvait être considéré comme suspect chez eux serait l’incommensurable somme d’argent qu’ils auraient empochée avant cette halloweenesque série de disparition.


— Et puis, c’est moi qui prendrai la responsabilité de tout ça, insiste-t-il.


— Et pourquoi tu fais pas ça toi-même ?


— J’ai la tête d’une baby-sitter ? Un type de mon âge, seul dans une maison avec trois gamines…


— C’est toujours moins chelou que la caricature du flic obsédé par une affaire irrésolue que t’es devenu.


 


***


 


18 h 30


— Hé, ça va ?


— Hm.


Angie sait que ce « hm » doit vouloir dire « oui » mais signifie en réalité « non ».


Elle aurait bien aimé lui dire qu’elle pouvait encore changer d’avis, mais ce ne serait ni très convenable pour les Faustin, ni acceptable pour Lucie.


La stratégie consistait alors à faire avec ce qu’elles avaient :


— Ça ne sera pas totalement l’inconnu puisqu’ils t’ont fait visiter la maison.


— Hm.


Lucie étant Lucie, il fallait limiter au maximum tout type d’imprévu. Le couple Faustin l’avait bien compris, eux aussi charmés par la motivation de Lucie de s’essayer à de nouvelles expériences en dépit de la charge mentale qui en résulte.


Mais tant qu’il subsistera une part d’inconnu, aussi infime soit-elle, il s’agira de paramètres que Lucie ne maîtrise pas, l’origine de mille et un scénarios catastrophes. Aujourd’hui, Lucie parvient à peu près à maîtriser ces bouffées d’émotions sans être submergée au quotidien, mais les situations innovantes ont toujours l’air insurmontables.


— Rien n’est grave, lui promet Angie. Et puis je suis avec toi.


 


***


 


Message envoyé à 18 h 45


Mila : T’es libre ce soir ou trop occupé à te caresser la nouille ?


 


Rémi : Nan.


J’ai un nouveau job.


 


Mila : Trop déter’ ta mère. C’est quoi cette fois ?


 


Rémi : L’autre jour on a reçu un papier. Des gens qui veulent faire garder leurs gamines, un truc comme ça.


 


Mila : Oh, tu vas devenir nounou !


 


Rémi : 500 balles la nuit.


 


Mila : Si t’as besoin d’un coup de main…


 


Rémi : Dans tes rêves.


 


Mila : Gros radin.


Depuis quand tu gères les enfants ?


 


Rémi : Bouffe, télé, dodo, c’est pas compliqué.


 


Mila : Si j’en ai, rappelle-moi de jamais te les confier.


 


Rémi : De toute façon, je vais pas avoir grand-chose à faire parce que je suis pas tout seul.


Le RDV c’est à 19 heures, donc on nous fait attendre dans un hall et on est 6.


Y a deux filles qui doivent être encore au lycée, une vieille, un mec, et une blonde.


 


Mila : Mais vous avez besoin d’être autant pour du baby-sitting ?


 


Rémi : On est 7 en fait, y a aussi un mec de 40 balais au moins.


 


***


 


19 h 00


Le couple Faustin est très exactement comme Melvil l’avait imaginé. Ils sont très propres sur eux et très friqués. Très à l’image du salon rutilant dans lequel les nouveaux venus ont été invités à prendre place, sur des canapés en U encadrant une table basse en bois laqué où sept verres ont été disposés.


— Avant que nous passions à une courte visite, auriez-vous des questions ? demande monsieur.


Une jeune fille blonde, qui a l’air de s’être égarée sur le chemin de la boite de nuit, lève la main comme si elle était à l’école.


— Où sont Félicité, Victoire et Gloria ?


Heureusement qu’elle pose la question, songe Melvil qui avait quasiment oublié le nom des gamines. Fallait dire qu’il avait trouvé le prospectus dans une poubelle et ne s’était intéressé à l’annonce qu’à partir de l’énonciation de la rétribution.


— Elle doivent jouer, esquisse madame. Nous les feront venir au moment de partir.


C’est au binoclard de lever la main maintenant.


— Pourquoi vous avez accepté sept personnes pour garder les petites ?


Pour Melvil, c’était plutôt une aubaine parce que ce n’était qu’après coup qu’il avait réalisé son incapacité à prendre soin de trois mômes à lui seul.


— Notre maison est une vielle auberge peut-être trop vaste pour une seule personne livrée à elle-même face à trois petites chipies quelques peu malicieuses, sourit madame.


— Je vous rassure quand même, précise monsieur, elles ne sont pas plus terribles que les autres enfants du même âge.


Comme plus personne n’était inspiré pour l’interrogatoire, tous se levèrent, suivant les hôtes pour une visite du rez-de-chaussée accompagnée de tout un blabla sur l’utilisation des gadgets technologiques de la baraque.


Peu intéressé, Melvil ne peut s’empêcher de laisser promener ses yeux partout et repère assez facilement, parce que ça traîne en biais sur la table et fait tache au milieu du décors bien rangé, bien aligné, bien lisse de la maison, une enveloppe.


Dessus il lit « À l’attention de Angie, Ernest, Lucie, Madeleine, Melvil, Orianne et Rémi ».


À l’intérieur, il déplie un feuille titrée « règles de bonne conduite » :


 


1 - Repas à 20 h 00.


2 - Si une des filles demande à mettre le couvert pour une personne supplémentaire obéissez. Vous serez tenus d’appeler le convive surnuméraire « l’Ami ».


3 - Si elles ne le demandent pas, alors l’une des trois sera « l’Ami ».


4 - Quoi qu’il arrive, obéissez toujours à l’Ami.


5 - Le bureau est le seul endroit où l’Ami ne peut pas entrer.


6 - Ne pas entrer à plus de deux dans le bureau. Jamais.


7 - 21 h 00, les portes menant à l’extérieur se verrouilleront.


8 - 21 h 30, coucher des filles. Ce qui est déposé sur chacune de leur table de chevet est à lire.


9 - 21 h 45, les lignes téléphoniques seront coupées.


10 - 21 h 50, la ligne internet sera coupée.


11 - 21 h 51, il vous est recommandé d’allumer la télé du salon où nous vous avons accueilli.


12 - 21 h 56, ils vous est déconseillé d’allumer la télé du salon.


13 - 22 h 00, n’entrez pas dans la chambre des filles, même si vous les entendez vous appeler.


14 - 22 h 55, vous aurez cinq minutes pour vous enfermer, chacun et séparément, dans les pièces suivantes :


-  Cuisine.


-  Buanderie.


-  Salle d’eau.


-  Piscine.


-  Cave.


-  Salle de bain du premier.


-  Bureau.


15 - À 23 h 01 vous pouvez sortir.


16 - Veuillez réitérer la procédure toutes les heures, mais attention : chaque heure, une salle se verrouille.


Bonne chance.




Les jeux, par AudreyLys

— Bon, il est temps que nous nous en allions, déclare monsieur Faustin. Bonne chance.  — À propos de ça, demande aussitôt le garçon à lunett…

Questions sans réponses, par Bat.Jacl

Après avoir lu les règles, Ernest est interloqué. C’est quoi ce délire ? Il lève les yeux vers Monsieur et Madame Faustin. Monsieur Faustin arbor…