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Chapitre 1: Le livre dont vous êtes le..., par MadBlackHands

Leyla l’entendait.
D’abord de façon diffuse, comme s’il s’agissait de la bande-son de son rêve, puis, petit à petit, de manière bien trop insistante. Alors elle râla, aussi bien dans son songe que dans la réalité.
-Foutu réveil…
Elle s’extirpa péniblement de son lit, perdue dans l’obscurité, et tâtonnât le sol en quête de son portable pour mettre fin à ce cauchemar sonore.
-Que quelqu’un l’achève, par pitié…
Sa main rencontra enfin le petit appareil rectangulaire, et elle se fit un malin plaisir d’écraser de son pouce ce maudit bouton rectangulaire. Le calme revint enfin, la jeune femme en savoura les quelques instants de bonheur qu’il offrait. Sa chambre, plongée dans le noir, lui donnait l’impression d’être dans une bulle de verre remplie de coton ; elle adorait cette toute première sensation de la journée.
Mais il fallait bien ouvrir les volets un moment ou un autre.
Leyla se levait très tôt ces derniers temps –job d’été oblige-, le soleil ne se montrait donc pas des plus coopératifs pour lui illuminer la matinée. Il pointait juste le bout de son nez, et la demoiselle devait plisser les yeux pour voir des couleurs apparaître sur l’horizon. De quoi décourager la plupart du commun des mortels, elle hésita à y aller avant de se rappeler qu’elle n’avait pas trop le choix.
Il lui fallait exactement une demi-heure pour être prête. Après ce démarrage bien pénible, le reste s’enchainait toujours de la même manière : bus, silence, couper des plantes, repas, silence, planter, bus, silence.
Sa vie relevait d’une fadeur spectaculaire. A l’image des levers de soleil, elle manquait cruellement de couleurs. Leyla, c’était le genre de fille passe-partout, ni vraiment jolie, sans pour autant être abominable. Dans la moyenne niveau taille, dans la courbe niveau poids, brune aux yeux bruns. Moyenne. Insipide. Sans intérêt. Pas de taches de rousseur, pas de fossettes quand elle sourit, pas de charisme tout court. Juste Leyla, et cela s’avérait déjà assez pénible à trainer au quotidien.
Pour contrer cet ennui permanent, sa seule échappatoire devait être la lecture. Là, pour une fois, elle parvenait à mettre un soupçon de piment dans son existence. Si ses matins piquaient tant, c’était justement parce qu’elle passait une bonne partie de la nuit à dévorer toutes les pages qui lui passaient sous la dent. Le genre de passion que tout le monde peut se targuer d’avoir. Leyla était donc commune jusque dans ses goûts.
Ce soir, en rentrant dans son appartement –pas bien grand, mais suffisant pour une étudiante en lettres-, elle se vautra dans son lit et se dévissa la tête jusqu’à ce qu’elle aperçoive sa fenêtre. De lourds nuages gris, tirant sur le noir, lui brouillaient la vue ; elle grogna. Elle se sentait particulièrement sale aujourd’hui, pleine de terre, de poussière et de sueur, mais la jeune femme n’avait même plus la foi de prendre une douche maintenant.
Elle voulait respirer.
Du bout des doigts, elle agrippa la poignée du carreau et l’ouvrit pour laisser passer un peu d’air dans l’habitacle ; une légère averse vint même rafraîchir ce ballet aérien.
Appeler son copain ? Il l’avait lâchée l’année dernière au mois de février.
Sa mère ? Elle devait être occupée à boire un café chez la voisine.
Son voisin, pour changer un peu ? Elle ne connaissait même pas son prénom.
Fort heureusement pour la petite brune, il lui restait Sam, la seule fille qui acceptait de lui accorder un peu d’importance. Avec Sam, elles semblaient être les deux pièces rapportées de cette grande mascarade qu’est la vie. Si son ami possédait l’immense chance d’avoir de longs cheveux aussi intense que la nuit et de magnifiques yeux bleus, elle était tout aussi moyenne que Leyla.
Sam bossait en librairie, Leyla en pépinière. Sam cherchait une meuf, Leyla un mec. Sam voulait devenir éditrice, Leyla aussi. En paire inséparable, les deux copines appréciaient la compagnie de l’une et de l’autre. Elles se faisaient souvent des soirées films, et passaient leur temps à critiquer les trous scénaristiques et autres mauvais jeux d’acteur.
-Allô Sam ? commença Leyla entre deux bâillements, toujours allongée sur son lit.
-Pas sûr, plaisanta une voix rouillée de l’autre côté du téléphone, tu me donnes quoi en échange si c’est moi ?
La brunette sourit et la railla à son tour.
Elles échangèrent quelques banalités avant de s’engager dans un débat passionné pour déterminer qui d’Edward ou de Jacob méritait vraiment l’amour du public.
-Tu peux définitivement pas dire ça, ma poule ! Tu sais quoi ? Partons du principe que c’est Charlie le meilleur personnage et c’est plié. J’adore sa moustache dans le film…
-T’as des fantasmes chelous, conclut Sam. Dis… Demain c’est samedi, et y’a la nuit des étoiles ce soir… Viens on sort voir ça, tranquille…
-La nuit des étoiles ? T’as encore vu ça sur Tik Tok toi…
-Je te jure que ça a l’air top ! Il y a des télescopes, des lanternes, des bières… Allez viens quoi ! Notre sortie mensuelle !
Leyla triturait une mèche de ses cheveux entre son pouce et son index. Ses yeux, éternellement distraits, glissèrent de nouveau sur la fenêtre.
-T’as peut-être pas remarqué, mais il pleut, objecta-t-elle sans grande conviction.
-Une toute petite averse de rien du tout oui ! On est toujours en été ma pote, dans 30 minutes, ta pluie, elle a disparu !
Sans autres arguments, l’une dû capituler devant l’autre.
-Je prends une douche et on se retrouve d’ici… Une demi-heure… Sur l’esplanade ?
-Vendu !
Aussitôt dit, aussitôt raccroché.
La demoiselle poussa un soupir et envoya valser son téléphone sur son oreiller. Elle rêvait de rester ici, mais comment refuser quelque chose à Sam… La fenêtre fut refermée en un claquement de doigts, et avant de se précipiter sous une douche bien chaude comme elle l’avait promis, Leyla s’accorda cinq minutes de lecture. Son petit rituel quotidien qu’elle ne manquerait pour rien au monde, pas même pour les beaux yeux bleus de sa copine libraire.
En ce moment, elle relisait Alice au Pays des Merveilles. Un classique qu’elle avait déjà dévoré et adoré au collège, mais, selon ses dires, il était toujours temps de redécouvrir un livre. Assise en tailleur sur son tapis et d’une main experte, elle retira son marque-page du chapitre en cours ; celui où Alice s’engage dans une drôle de « course saugrenue ».
Seulement cinq minutes. Lesquelles se transformèrent vite en dix, puis en trente. Ça importait peut finalement. De toute façon Sam avait l’habitude d’attendre…
Elle avait déjà baillé une première fois en ouvrant ledit livre, et au bout de ces trente minutes, ses yeux commençaient même à la démanger. Sa tête dodelinait au rythme des phrases, comme si elle ressentait enfin toute la fatigue de cette semaine lui tomber sur les épaules.
Soudain, le noir total.
 
 
 
 
Leyla l’entendait…
De façon diffuse, horloge lointaine, taquant et tiquant une mélodie effervescente. Mais petit à petit, le bruit devint bien trop insistant. Alors elle râla, comme elle savait si bien le faire.
-Foutu réveil…
Elle ouvrit péniblement les yeux, perdue dans l’obscurité, et tâtonnât le sol en quête de son portable pour mettre fin à ce cauchemar sonore.
-Que quelqu’un l’achève, par pitié…
Ce fut seulement lorsque sa main entra en contact avec un étrange liquide qu’elle eut un sursaut. D’ailleurs, son lit lui semblait bien plus raide que d’ordinaire, et les draps s’étaient volatilisés.
Elle ouvrit franchement les yeux pour tomber nez à nez avec un lapin.
Le cri qui suivit s’avéra mémorable, presque autant que le bond qu’elle effectua, effrayée. Son carambolage soudain suscita également la surprise chez ses nouveaux hôtes, poussant un cri à leur tour.
Leyla finit sa roulade par une chute sur une étrange pelouse, posée en lieu et place de son habituel tapis. Prise de tremblements, les éléments s’enchainaient bien trop vite sous ses pupilles, tout juste habituées à la nouvelle lumière environnante.
Un lièvre en costume, une table couverte de crasse et de tasses, un drôle de type avec un chapeau, ce qui ressemblait le plus à une souris et une blondinette superbe en robe de soirée bleue.
Ils étaient tous tournés dans sa direction, hurlant à tue-tête comme pour imiter l’intruse. Lorsque cette dernière s’arrêta, ils en firent de même, or, loin d’être terrorisés, ils affichaient des mines moqueuses et bienheureuses.
La jeune femme repris son souffle à grandes goulées d’air et même si quatre paires d’yeux ne la quittaient plus, elle préférait ne partager aucun contact visuel avec ces gens. Ses pensées s’entrechoquaient dans son petit crâne, si bien qu’elle n’arrivait même pas à mettre un peu d’ordre dans tout ce qui venait de lui arriver.
-Ne restez donc pas par terre, mademoiselle, prenez un fauteuil convenable.
Cette fine voix fluette venait de la jolie blonde, a demi penchée vers Leyla, lui tendant la main de la façon la plus charmante qu’il soit. Toutefois, l’invitée surprise ne put que le dévisager, les lèvres entrouvertes, complètement prostrée.
-Je ne vais pas vous manger chaton.
L’autre fille n’en démordait pas. Quelques secondes s’écoulèrent avant que Leyla ne retrouve assez ses esprits pour être en mesure d’aligner deux mots correctement.
-Qu’est-ce qu’il se passe ici, bordel !
La blonde jeta un regard entendu au reste de l’assemblée, dont les visages, presque comme s’ils étaient faits de cire, affichaient toujours ce drôle de sourire pris entre la sympathie et l’amusement.
-Vous êtes tombée du ciel, pile sur notre table. Bienvenue au Pays des Merveilles, finit-elle par souffler avec le plus de douceur possible.
Leyla ouvrit et ferma la bouche sans qu’un son ne puisse en sortir, son regard alternant entre l’immense forêt qui l’entourait et ces étranges personnages tout droit sortis d’un conte de fée. Elle parvint de nouveau à s’exprimer, toujours recroquevillée sur elle-même.
-Je vous demande pardon !
Son interlocutrice prit une grande inspiration et s’exclama :
-Le Chapelier et le Lièvre pensent que vous êtes ce qu’on appelle ici « La Marcheuse de livres », elle pouffa avant de poursuivre, comme c’est amusant ! Venez donc boire une tasse de thé en notre compagnie !
La malencontreuse arrivante sentit ses doigts se crisper dans la pelouse sur laquelle elle reposait depuis bien trop longtemps à son goût. D’une voix tremblante, elle finit par s’écrier :
 -Je suis la quoi !?




… le moteur de ..., par Wargen

-Dis, on se reverra bientôt ?   Elle le regardait, les yeux pétillants, pleins d'une espérance naïve.   -Bien sûr bébé. J'ai bien not&e…