Chapitre 3: Vous interpellez le chat, par Lyn

À travers les pupilles effilées qui s’étirent sur ses yeux quelque peu globuleux vous décelez une lucidité peu commune chez un animal.

Il sait que vous ne devriez pas être ici.

Il sait ce qui se passera si l’on vous trouve.

Il sait que vous n’êtes pas en sécurité ici, pas plus que vous ne l’êtes dehors.

Dans un mélange de panique et de méfiance vous lui demandez tout bas s’il peut vous venir en aide.

D’abord le chat s’étire pendant une demi dizaine de secondes durant lesquelles vous sentez presque les murs de la maison trembler à mesure que les pas se rapprochent, à moins que ça ne soit votre petit corps frêle vibrant sous les assauts successifs de votre cœur affolé.

 Le chat s’élance ensuite avec grâce sur un fauteuil molletonné, bondit sur commode et finit sa course sur une étagère murale.

— Je pourrais en faire choir une par mégarde, ronronne-t-il.

D’abord sa queue tigrée effleure une boîte en verre dans laquelle se trouve un petit gâteau. La boîte est ornée d’une étiquette dentelée sur laquelle est imprimé, dans une calligraphie sophistiquée, « Mangez-moi ».

Ensuite, la queue du chat balance de l’autre côté, manquant de faire vaciller une petite bouteille plein d’un liquide coloré. Au cou de cette petite bouteille est attachée une autre étiquette « Buvez-moi ».

— Que préfère-tu ?

La truffe du chat frémit et se retrousse tandis que sa bouche s’étire en un grand sourire plein de dents pointues.