Vers la lumière, par Boo-Bap-Doo-Wap

Avec une force dont je ne me serais pas cru capable, je parviens à me détourner de la vision cauchemardesque que m'offre ce miroir. Fuir. Seule alternative possible. Fuir ou mourir. Ou…




Chapitre 3: Cauchemar éveillé, par Kaelisia974

Depuis cette traque incessante, je me vide peu à peu de mon énergie. Hélas, à chaque course poursuite engagée, une question me taraude l’esprit. 


Toujours la même.


Elle obsède ma conscience. 


La vicieuse. 


Elle infecte mes pensées. 


La gangrène.


Je dois trouver une réponse.


La paranoïa me gagne.


La folie.


Cette monstruosité à huit pattes… 


A-t-elle d’autres semblables ou est-elle la seule ? 


 


Je prie, de toutes mes forces, implorant une puissance quelconque d’avoir pitié de moi.

La deuxième option me convient le mieux. Oui, l’espoir fait vivre. Si la première est bien réelle, cette situation cauchemardesque va empirer. Pour moi uniquement. Elle scelle mon destin et m’enchaîne sans doute à une fin tragique. L’idée de m’enfuir et d’être pourchassée par plusieurs créatures comme celle-là, c’est trop pour moi. Mon cœur joue un air de flamenco dans ma poitrine. Ces battements douloureux, je les supporte en silence. Je désire plus que tout de me sortir vivante d’ici. Je songe à courir jusqu’à ne plus sentir mes jambes, trouver les secours et ne plus y retourner. 


Le problème, c’est que je m’élance dans ces couloirs — décrépis par le temps — depuis des heures. Je n’en peux plus de forcer. Mes jambes peinent à me porter, si bien que j'ai l'impression d’avoir deux enclumes à la place des pieds. Je suis épuisée par ces efforts physiques, mais je tiens bon. Ma survie m’est précieuse bien qu’elle soit fragile et très faible. Elle ressemble à une petite flamme timide qui se fait violenter, tous azimuts, par des bourrasques enragées. Ou peut-être est-ce ma foi qui oscille, vacille et s’évapore à cause d’une faux élevée au-dessus de ma tête ? Elle paie le prix fort, ma vie. A-t-elle plus de valeur que celle de Ronan ? 


 


Oh… Ronan… 


 


Pardonne-moi, murmuré-je entre deux sanglots silencieux.


 


Pardonne-moi de t’avoir abandonné, laissé dans ce cocon, dans cette affreuse pièce… Seul. Je me souviens encore de toutes ces toiles, si épaisses, qui remplissaient toute la pièce. Le sol, visqueux, jonché d’ossements, me glace littéralement le sang quand j’y repense. Je ne veux même pas savoir si c'étaient des vestiges d’animaux ou d’humains. Les deux, j’imagine. Je crois avoir marché sur un minuscule crâne d’un rat lorsque j’ai détalé comme un lapin à la vue de ses yeux brillants… 


 


J’espère que tu n’es pas mort, Ronan, là-bas. Tu es de nature débrouillarde et ton esprit d’aventurier… Non, c’est impossible. Tu ne peux pas finir comme ça, pas après tout ce que l’on a traversé. On a visité tellement de lieux insolites. Te souviens-tu des nuits blanches que l’on faisait dans les maisons hantées ? À s'assurer qu’il y avait une réelle présence des esprits afin de faire le buzz sur ta chaîne YouTube ? Oh… Je suis à l’opposé de toi, de nature froussarde, casanière, mais on avait tous les deux un point en commun. 


On était curieux. 


Très curieux. 


Tu me donnes toujours la force. 


Tu m'encourages à passer à l’action.


Je me surpasse souvent grâce à toi. 


 


Alors quoi… juste une fois, cette fois, la fois de trop… 


Tout a déraillé. Vite, très vite.


Tu ne m'as pas écouté. 


Je t’ai bien dit de ne pas y aller.


Tu as franchi cette porte malgré tout.


Tu as activé ce levier. 


Tu as ignoré cette pancarte.


C’était bien stipulé l’interdiction.


Il ne fallait pas y toucher.


Et cette chose en est sortie…


 


J’ai beau être désespérée par cette situation. Ton entêtement a causé ce drame, Ronan, mais je ne t’en veux pas. Pourquoi ne t’ai-je pas bloqué le passage en insistant pour rebrousser le chemin ? C'est ma faute de ne pas t’avoir empêché. Oui… Ce mauvais pressentiment, je ne l’ai pas écouté. Je sais comment je suis, à chaque difficulté, j’abandonne aussitôt. 


 


Mais cette fois-ci… 


 


Attendez.


 


La lumière bleue, languissante, m’appelle.
Elle m’attire vers elle, m’aimante, m’appâte, me charme.

Captive de son attraction, je me redresse, forçant sur mes avant-bras pour me dégager des débris. Mes déplacements au sol se font sur quelques mètres. Par miracle, je n’avais rien eu de grave durant ma chute. Elle n’était pas très haute, je suppose que ces débris ont amorti le choc. 


Je me relève ensuite pour me diriger vers la lumière, m’aidant du mur. Mes pas progressent dans le noir. J’arrive vers une porte blindée, dévorée par la rouille. Mes doigts se posent sur un étrange interrupteur que j’enclenche sans réfléchir. La lumière bleue s’étend dans cette nouvelle pièce qui me laisse sans voix. 


Un… laboratoire.  


Ni trop faible, ni trop forte, la lumière artificielle me met dans une ambiance assez inquiétante. J’aperçois une immense baie vitrée qui bloque la moitié de la salle. D’un pas hésitant, je tente d’observer à travers, mais je ne décèle rien de particulier. Ma vue est occultée par la saleté. Posant une main sur la vitre, mes doigts enlèvent la fine couche de poussière.

Je vois…


 


Il fait si sombre… 


 


TAC !



Quelque chose heurte la surface pile à l’endroit où mes prunelles bleutées sont en train de chercher une réponse. C’est si brusque, si rapide, si imprévu ! J’étouffe un cri de surprise quand j’entends les bruits familiers se produire sur ce vitrage blindé.

Non, pas ça… Non ! chuchoté-je à moi-même.




C’est… effroyable.

Je nage en plein cauchemar. Je n’y crois pas. Réveillez-moi !

Une autre bestiole — plus petite que celle qui me traque — s’active sur la vitre. Ses pattes velues immondes me donnent des sueurs froides. Je ne fais plus de bruit en retenant ma respiration et me colle contre le mur. 


 


Suis-je dans un laboratoire désaffecté avec des expériences secrètes ? 


Que suis-je censée faire ? 


Comment en sortir indemne ?


Pourquoi aucun humain n’a pu détruire cet endroit ?