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Deus Vult, avait scandée la foule, à Clermont, alors que le concile du pape Urbain II touchait à sa fin.
Deus Vult, c’était les paroles de Pierre l’Ermite, qu’avait reprit la foule.
Deus Vult, ce fut le cris de guerre des croisés, en route pour Jérusalem. Notre cris de guerre.
Aujourd’hui, les seuls cris que j’entends autour de moi sont des cris de douleur, d’agonie, de supplications. Une odeur épouvantable de mort, de chair putréfiée, pèse sur toute la plaine. Combien des nôtres ont périt ? Combien des leurs ?
Je me remémore encore et encore cette journée, à Clermont. Je me rappel que tous étions confiants, aucun de nous ne doutait. On nous disait que c’était là la volonté de Dieu. Mais quel dieu. Quelle divinité pourrait accepter de laisser un tel carnage se faire. Quelle divinité aurait pour dessein la mort de milliers d’hommes. Si Dieu voulait que nous prenions la ville, pourquoi autant des nôtres avaient du périrent pour cela ? Pourquoi Dieu voudrait que nous mourrions ? Et eux, se disaient-ils, eux aussi, avant la bataille, que leur divinité voulait les voir vaincre ? Au final, nous mourrons, et ils meurent. Au final, pour qu’un tel spectacle puisse avoir lieu, il n’y a qu’une seule explication. On nous a menti. Durant toutes nos vies. Il n’y a nul dieu. Un dieu ne laisserai pas ça se faire. Il n’y a nul dieu, et je vais mourir ici, trahis par mes paires.
J’ai froid, et mes mains sont moites à cause du sang qui coule dessus. Je n’entends plus de cris. Ils sont tous morts.
Il est temps pour moi de fermer les yeux également.
Foutu vie.
Foutu dieu.
Un dernier souffle, et l’homme quitte ce monde. Sa cage thoracique cesse de bouger, les yeux sont fermés, la tête légèrement sur le côté.