chapitre 2

Philogone regarde autour d'elle.

La chambre est identique à celle dans laquelle elle s'est couchée la veille, et pourtant elle comprend immédiatement que quelque chose est différent.

D'habitude, à cette heure-ci, la lueur du jour pointe à travers les volets. Et là, ce n'est pas le cas.

Et puis, tout est à la fois semblable et différent.

Ce sont exactement les mêmes lieux, mais il exsude d'eux quelque chose de sombre, de triste, de malsain même.

Elle sort de sa chambre et va jusqu'à la chambre de Tesse et William.

Celle-ci est désespérément vide. Le lit est fait.

C'est impossible qu'ils ne soient pas là à cette heure.

Elle regarde sa montre, à son poignet, pour confirmer l'heure.

Les aiguilles ont disparu. Impossible de lire une quelconque heure.

Elle comprend bien que la situation n'est pas normale, mais, assez curieusement, elle ne panique pas. Ses rêves l'ont endurcie. Si c'est bien un rêve. Ce dont elle n'est pas sûre.

Elle avance dans la maison. Elle est bien dans une duplication de la maison qu'elle connaît, mais à l'opposé. Ici rien de lumineux. Tout inspire une tristesse infinie.

Elle va jusqu'au bout du couloir et ouvre la porte d'entrée.

Elle n'est même pas surprise que celle-ci ne donne sur rien.

Le néant.

Elle rebrousse chemin. Revient à sa chambre, abattue par la fatalité.

Elle est ici pour l'éternité.

Tesse se réveille. Elle a mal dormi, inquiète pour sa petite nièce, et elle n'a vraiment sombré que dans les dernières heures de la nuit. Elle revient lentement à l'état de conscience.

C'est à un des paliers qu'elle perçoit que quelque chose ne va pas.

Son sixième sens. Elle est très proche de Philogone, et elle sent même à distance les états changeants de sa petite nièce.

Et là, elle ne sent plus rien.

Philogone n'est pas à côté.

Elle se précipite dans la chambre.

Non, elle n'est pas là.

Elle ne s'angoisse pas facilement, mais là, elle sent l'angoisse monter en elle. Degré après degré.

Elle s'aventure dans la maison. Appelle Philogone.

Le silence, seul, lui répond.

Elle se précipite devant.

Le jardin est vide.

Philogone a toujours été au-delà du raisonnable.

Il y a donc de quoi s'inquiéter si elle n'est pas dans les environs.

Quand elle rentre dans la maison, son mari est levé.

— Elle a disparu !

Dans sa voix, il y a de l'angoisse. William la perçoit immédiatement.

— Elle ne doit pas être loin.

— Ca doit être lié à ces maudits rêves...Je n'ai pas su l'écouter suffisamment...Je m'en veux.

— Tu n'as rien à te reprocher, tente de la réconforter William.

C'est alors qu'elle entend une voix.

Celle de Philogone.

— Aide-moi...Aide-moi à sortir de là, je t'en supplie.

Une voix qui résonne comme elle n'a jamais entendu résonner une voix.

Une voix qui vient d'ailleurs.