Le saule d'Anthony

Les battements de son cœur s'accélèrent, et des frissons glacés parcoururent sa peau, il avait la chair de poule, la terreur le pris aux tripes, il était pétrifié par cette vision d’horreur, ce cauchemar devenu réalité.
Le temps s'était arrêté autour de lui, ses convives ne bougeaient plus, figés comme des statues, il n’y avait aucun bruit, seul le souffle saccadé d’Anthony résonnait dans ce silence glacial. 
L’homme continua de fixer le saule avec intensité, sans faire un seul mouvement, le regard vitreux, vide d'émotions, mais soudain son attention se porta sur Anthony et, d’un pas décidé, il s'avança vers son but.
Le vieil homme, ayant une montée d'adrénaline, se jeta sur le saule pour le protéger des coups de hache, il ferma les yeux et attendit le coup fatal, le craquement des branches sous le pas déterminé de cet homme étrange se fit entendre, le sifflement d’une hache qui se lève prêt à être asséné.
Dans un souffle Anthony dit : 
      - S’il vous plaît, ne faites pas ça, supplia-t-il plein d'espoir. 
Et le sifflement de la hache qui s'abat résonna dans son crâne, mais étrangement le bruit du bois qui se brise ne se fit pas entendre.
Il ouvrit les yeux et, surpris, il vit la hache plantée au sol, et l’homme étrange qui le fixait, la main tendue vers Anthony, son regard n'était plus vide de sens, mais chaleureux et plein de douceur.
Un doux sourire se dessina sur son visage et il dit : 
      - Il est temps.
      - Mais le temps de quoi ?
      - Temps de partir. 
      - C’est la fin alors ?
      - Oui, vous êtes attendu, vous savez, elle vous attend.
Anthony attrapa la main de l’homme qui l’aida à se relever, et un peu plus loin, sous la lueur du soleil, la silhouette de Clémence se dessina.
Il n’en croyait pas ses yeux, elle était là, elle l’attendait.
     - Venez Anthony, elle vous attend. 
Il suivit cet homme, maintenant, il savait qui il était, il n’avait plus peur de lui, cet homme à la hache.
Il l’amenait vers le destin de tout Homme.

Anthony fut retrouvé allongé contre le saule un sourire sur le visage, le vieil homme avait rendu son dernier soupir, il était parti, mais Anthony avait retrouvé sa bien-aimée sous le saule cher à son cœur.
En sa mémoire, les habitants érigerent une stèle près de l'arbre et le nommèrent “le saule d’Anthony”.