Derrière la porte rouge

Ça fait trois ans que ma tante est morte.

C'était quelqu'un que j'adorais. Je n'avais pas de grand-parents, ils étaient morts avant ma naissance, et ma tante, la sœur de ma mère, s'est toujours occupée de moi. Elle n'avait pas pu avoir d'enfants et sans aucun doute, elle me traitait comme si j'avais été son fils. J'étais câliné, chouchouté...Des souvenirs extraordinaires. Je partais la voir à chaque congé scolaire. Et ça a duré très longtemps. Même adulte. J'ai 32 ans. Elle est morte il y a trois ans, d'un cancer incurable.

Et elle m'a laissé sa maison.

Une immense maison dans la Marne, à trois étages, avec un jardin à l'unisson de la maison. Tout ici était spacieux, confortable. Une très belle maison qu'elle avait hérité de ses parents, entretenue et arrangée avec goût. J'avais vraiment été heureux de ce legs, et bien déterminé à entretenir, comme elle l'avait fait, la maison, pour qu'elle reste toujours resplendissante.

Et puis il y avait cette porte rouge.

Un rouge brique.
Qui tranchait avec les autres portes, blanches.

C'était une porte au fond du grenier. Donnant sur sa façade gauche.

Curieuse, parce que vu de l'extérieur, on ne voyait pas sur quoi elle pouvait donner.

Je n'avais jamais vu ma tante y accéder.

J'allais au grenier, comme dans toutes les autres pièces, et j'avais bien sûr tenté d'ouvrir la porte.

Elle était fermée à clef.

J'avais essayé toutes les clefs de la maison.

Aucune ne convenait.

Je ne m'étais pas posé plus de questions.

Quand la maison a été mienne, si, je m'en suis posé. Mais sans plus. Parce que la maison était immense, et qu'elle recelait pas mal de mystères, qui entraînaient autant de découvertes. J'avais par exemple découvert une pièce cachée dans la cave, qui recelait un nombre incroyable de bonnes bouteilles.

Et puis ma tante est revenue dans mes rêves.

C'était peu ou prou la même chose à chaque fois.

Elle traversait le grenier.

Jusqu'à la porte rouge.

Elle avait une grosse clef à la main.
Arrivée devant la porte rouge, elle se retournait, et me disait:

— Il est temps que tu saches.

Le rêve est revenu si souvent que je me suis dit qu'effectivement, il était temps que je sache.
Et je me suis mis en quête de cette fameuse clef.